Dr THEAUX William
Cyberontime
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williamtheaux@gmail.com
Le Management & la
Psychanalyse face à l’Intelligence Artificielle
dans le Traitement du Mensonge et de l’Oubli
résumé :
Une chaîne, du code source à l’objet produit, peut être formulée. Elle articule les logiques de similarité et de disparité. La première est observable suivant le modèle de l’imitation, la seconde suivant celui de la transformation. L’imitation a été instruite par les théories psychologique de Jacques Lacan et informatique de Alan Turing. La transformation a été par la suite formulée par Heinz Von Foerster en terme d’apprentissage ou modification de la Seconde Cybernétique. La nécessité d’un facteur ‘absent’ s’avérant à ce stade, se retrouve prédit par les théories premières de la psychanalyse (castration). D’apparence paradoxal, seule une absence ‘réelle’, chronologique, historique aura pu en attester. Cette absence s’est trouvée à travers une technique refoulée ; politiquement interdite depuis la Renaissance, une technique manageriale répond aux caractéristiques dudit ‘facteur absent’. Elle a été constatée par les historiens du 20em siècle ; elle s’appelait Art de la Mémoire et son absence aura occupé l’ère industrielle. Rénovée en la forme et au titre d’Analyse Plurielle, elle achève la Seconde Cybernétique en opération de production. L’objet produit est d’ordre pulsionnel et s’applique dans l’industrie environnementale que vise l’écologie. Plus que de l’ordre économique, cet objet est strictement dépendant de l’ordre du management – le management s’est transformé en organe de production. Cette transformation – apprentissage et maturation – est libérée par les effets de l’intelligence artificielle (cybernétique) sur la structure du mensonge ontologique du gouvernement social.
Anglais/english
Management & psycho-analysis with regard to
Artificial Intelligence
in the treatment of lying and oblivion
A thread, from a source code to the producted object can be formulated. It articulates
the logics of similarity and
disparity. The former follows the model of imitation, the later that of transformation. Imitation was tackled by the psychological theories
of Jacques Lacan and computer scientist Alan Turing. Transformation was then formulated by
Heinz von Foerster in terms of learning or modification through the Second Cybernetics. The need for a factor of “absence' appearing at this stage, is found as predicted by the
theories of psychoanalysis (castration).
Yet, such fartor (absent) seems paradoxical.
Only a 'real' chronological
absence in history can efficiently attest for it. As such matter of
fact, this absence was found
through a politically repressed technic, banned from the Renaissance on
- as a managerial technic meets the characteristics
of this 'missing factor'. During the 20th century it has been recorded by historians ; it was named Art of Mémory and its absence has therefore occupied the industrial era.
It was then renovated in the form and
under Analysis Plural
that completed the Second Cybernetics
in its operatio of production. The resulting object (product) is of a drive (freudian) and apply the
environmental industry that ecology
intends. More that on an economic order, this object is strictly dependent on
the order of management –
therefore management turns into production. This transformation - learning and maturation
- is released by the
effects of artificial intelligence (cybernetics) upon the ontological structure of the social government.
Mots-clés :
Psychanalyse, Cybernétique, Art de la Mémoire, Management, Ecologie
L’adaptation humaine à l’Intelligence Artificielle (ci-après écrit " /ia/ ") est une problématique nouvelle. Elle a été historiquement deux fois approchée puis positionnée. Ses approches sont en 1950 celles de Alan Turing, informaticien, et Jacques Lacan, psychanalyste. Puis en 1975 Heinz von Foerster la positionne en terme de Cybernétique Seconde. Cette succession révèle une « chaîne évolutive » qui, par « chaînage arrière », (c’est à dire, remontant du domaine à sa source) commence par l’écologie. Elle retrouve ensuite la porte ayant permis l’accès à ce domaine ; cette porte est le management. Avant de l’ouvrir il aura fallu découvrir son verrou , que la Cybernétique Seconde a identifié au mensonge. Pour ouvrir ce verrou il aura fallu trouver sa clé. Cette clé a été déchiffrée par les premières cybernétiques de Turing et Lacan la reconnaissant dans l’imitation. La chaîne remonte ainsi à la source de cette clé. Il s’agit du code, notamment l’ADN 05 qui le rend apparent depuis le 20em siècle, mais effectivement fourni par l’/ia/ sans laquelle nous ne supporterions pas la conscience des lois génétiques.
Chaîne évolutive
De gauche à droite, la chaîne se lit : l’intelligence artificielle déchiffre à l’analyse l’imitation comme la clé d’un mensonge, et déverrouille la porte du management livrant accès à l’écologie. Si nous sommes en mesure d’élucider intégralement cette chaîne, il faut nous prévenir d’un bouleversement qu’elle assiste :
La clé par quoi le procédé s’enchaîne est formulée par Jacques Lacan dans son Séminaire inaugural, sur la Lettre Volée et son traité cybernétique qui y est attaché (Ecrits 1955 & 1966). Suivant cette chaîne, la psychanalyse aboutit à un management de l’écologie. Mais en aboutissant à l’écologie, soit à l’environnement, elle a transmis sa notion d’objet à l’impératif matériel de l’/ia/. Elle dicte donc l’interprétation d’une pulsion plongée dans les lois de l’évolution. Le management qui s’en charge se trouve mu de celui du désir à un management d’objet. Sa distinctive "gestion d’équilibre interne" est ainsi rabattue en "fonction de production externe".
L’analyse de la chaîne évolutive qui suit traite cette apparente régression de la gestion en fonction, avec l’éclaircissement qu’y apporte l’intelligence artificielle.
Freud s’est éteint la veille de la guerre, mesurant l’ampleur de la catastrophe à laquelle il a mené (la peste). De Freud à Lacan, la scansion de la guerre est un passage de relais. La psychanalyse que Lacan prend en charge après guerre est celle que Freud a laissée en suspension sur l’abîme qui la sépare de la psychologie collective (les termes sont de Freud). L’histoire de la communauté psychanalytique retient qu’elle aura gardé refoulé le fait qu’un double neveu de Freud, Edward Bernays considéré comme l’un des hommes les plus influents du 20em siècle, avait orienté la démocratie américaine à partir des thèses de son oncle. Elles allaient servir le management du Nazisme d’une part et d’autre part convaincraient le pouvoir américain de gouverner suivant sa théorie de la relation publique (substituant à la ‘démocratie réelle’ un gouvernement par une élite appuyée sur une propagande affirmant un état démocratique 10). Freud répugnant à ce mensonge prescrivit dans ses écrits testamentaires : « Renonçons à avancer d’un seul pas dans la voie que nous avons ouverte si nous ne franchissons pas l’abîme qui sépare la psychologie individuelle de la psychologie collective 20 ». Tel est le relais dont Lacan se saisit.
Selon Bernays, la psychologie collective est une science, puisque « tirée de l’observation et basée sur des principes cohérents et démontrés 30 ». Toujours selon lui ce n’est pas une science qui pense, mais les scientifiques (élite) qui (la) pensent. Puis tirant de son oncle S.Freud que la foule est régie par les seules impulsions (habitudes et émotions), il explique que la société doit être manipulée par le nombre restreint de penseurs formant le gouvernement. Ses idées constituèrent un ‘credo’ de gouvernement par une élite usant du prétexte mensonger d’une démocratie. La documentation aujourd’hui épargne de polémiquer sur le fait.
Après la guerre Lacan, à l’opposé de Bernays mais laissant toujours en jachère la psychologie du leader, table sur un gouvernement par semblables et admet que, sinon la psychologie, du moins la machine, l’/ia/, ‘pense’ 40. Sa démonstration commence en 1945 par l’intitulé "Le Temps Logique et l’Assertion de Certitude Anticipée" annoncé comme « un nouveau sophisme ». Son analyse met en scène trois prisonniers strictement identiques qui, sans conditionnement, organisent leur conduite selon une seule logique collective, au principe dira-t-on d’une "anticipation semblable".
Etendu au nombre indéfini d’une foule, cette logique collective marque une avance considérable sur la chronique du maître et du mensonge. Au lieu d’un enrégimentement des masses par une minorité qui se persuade d’intelligence en soumettant à une propagande sa population, une action à partir de semblables inspire à l’individu une "assertion subjective". Cependant pour Lacan, elle reste un sophisme et, s’il faut rendre au roi des voleurs ce qui lui appartient, il sera légitime de l’appeler le sophisme du berné 50. La suite en effet montre que dix ans plus tard, en 1955 que son "Séminaire sur La Lettre Volée" livre la clé qui manquait de la solution pratique du sophisme :
La Lettre Volée est une nouvelle d’A.E.Poe que Lacan exploite comme Freud exploita un Œdipe de Sophocle. Elle décrit un jeu de trois personnages. Comme dans le précédent modèle, ce sont des semblables ; mais non plus prisonniers, ils sont porteurs de titres leur permettant d’échanger des places. Ainsi symbolisée ("titrée") ce n’est plus leur propre conduite qui situe les personnages en concurrence mais un objet (une lettre) circulant entre eux les motivant comme alibi. Passés trois échanges de place, la découverte de cet objet est acquise de manière qu’il faut aussitôt préciser : « ‘acquise’ mais pas conquise » - car Lacan trouvant ainsi la clé (l’imitation) n’aura pas encore su de quelle serrure. Cette mésaventure se lit à la lettre :
D’abord l’imitation est apportée par le héros de Poe qui l’a lui-même apprise d’un enfant. Ce dernier gagnait immanquablement au jeu pair-impair 60 par « imitation interne des attitudes et de la mimique » de son adversaire. Poe explique que ce procédé réalisait une « identification de l’intellect » dépassant l’ « ingéniosité propre à la foule ».
Lorsqu’à la suite Lacan révèlera sa propre solution, vis à vis d’un ordinateur qu’il qualifie de « machine à penser » il escamote la logique collective précédente 1945 avec la cybernétique de 1950 ; et c’est dans une parenthèse introduite encore dix ans plus tard (1966) qu’il s’explique : « l’essence est que la lettre ait pu porter ses effets sur les acteurs, le narrateur, le lecteur et son auteur, sans que jamais personne ait eu à se soucier de ce qu’elle voulait dire ». Dans son attention porté au chiffre, Lacan n’aura donc pas lu le message pour une raison que nous allons rechercher.
S’il a cédé sur le projet freudien de joindre les psychologies individuelle et collective, Lacan n’a pas désespéré de lire leur relation. Il livra les mathèmes contenant l’explication de son inhibition. Il commença à écrire ces formules dès le séminaire inaugural sur La Lettre Volée.
fig.1 : Circuit
cybernétique du code/Lacan
Il s’agit de circuits cybernétiques et d’un programme de chiffrage en deux temps. Le tout se résume en un opérateur nommé en 1955 « Schéma.L » (fig.2). Il le disposera en 1960 de manière à montrer qu’il figure un cerveau 70 ; dans cette dernière acceptation il est animé d’une bascule alternative (fig.4) qui deviendra dix ans plus tard un mouvement à quatre temps rotatif 80. Ce dernier stade aboutissant à l’Art de la Mémoire à la Renaissance (ainsi qu’au triple nœud, borroméen qui stigmatise les trois prisonniers du "sophisme berné"), c’est donc au temps dit de ‘bascule’ que nous avons le point le plus vif avant les stigmates de la régression 90. Son alternative ("bascule") est localisée en germe, dans le schéma qui axe l’imitation selon une relation imaginaire.
fig.2 :
Schéma.L
L’identification de l’intellect d’un joueur à l’autre (dans la fiction de Poe) est bornée à cette fonction, imaginaire, car un transitivisme 100 l’inhibe. Dans la psychanalyse cette inhibition établit un transfert-contre-transfert ; mais puisqu’également les mathématiques l’expliquent, la science entend la dépasser. Or ses « machine à penser » étaient encore une spéculation pour Lacan – qui fut donc tenu à l’imaginaire et placé dans l’histoire en une posture de la Renaissance tandis qu’à son corps défendant, il croisait réellement la cybernétique.
Turing à la même époque est le précurseur des informaticiens. Il n’est pas formé pour dire comment l’humain pense, pourtant il va prétendre décider si les machines pensent. Pour réussir ce tour de force il va faire usage d’un subterfuge courrant de la méthode scientifique : pour savoir s’il y a quelque chose dans une boite qu’on ne peut ouvrir, le scientifique prend une boite semblable mais vide et, pesant l’une et l’autre, il peut affirmer si la première contient ou non un objet. Turing aboutit à son affirmation de cette manière ; il dispose sur une balance tierce, un ordinateur et un être humain. S’il trouve un niveau égal, en connaissance et en reconnaissance, il déduira que la machine pense. A l’analyse, tout ce qui est requis pour ce résultat est une capacité d’imitation suffisante entre l’ordinateur et l’être humain. Turing décrit donc au premier chapitre de son traité de 1950, inaugural de l’intelligence artificielle, ce qu’il appelle un « jeu de l’imitation 110. » Il poursuit alors son expérience jusqu’à des déductions éventuellement jugées « naïves » par les psychologues. Cependant il apporte un précieux complément à la psychanalyse.
Lacan et Turing sont contemporains, du moins avant que l’un ne décède prématurément. Une différence deviendra féconde : l’imitation gagnante au jeu pair-impair lacanien nécessite un objet – mais d’objectivité limitée par le transitivisme, elle se borne à un gain logique et n’introduit que la tromperie 120. En vis à vis le jeu de l’imitation de Turing n’a rien à gagner – mais il établit le degré du mensonge à la lecture tierce d’un observateur. Il en résulte un produit au lieu d’une boucle (objet ‘critique’ côté Turing au lieu d’‘impossible’ côté lacanien).
Chaîne évolutive interprétée
Posé sur l’ici nommé « chaînage évolutif », la psychanalyse livre donc une clé (l’imitation) et la cybernétique sa contre-partie : le verrou (le mensonge). Comprenant la serrurerie complète (un "objet critique", clé & verrou), on arrive à l’examen de la porte (management). Mais j’annonçais de ce moment un phénomène considérable, menant en bout de chaîne au bouleversement du management du désir en management-production ; on doit y voir ici les prémisses.
Si le jeu de l’imitation permet de conclure que la machine pense, l’analyse du transitivisme force à déduire que l’humain imite la machine. Il faut mesurer l’importance de cette conclusion intermédiaire. Une thèse peut servir la réflexion, qui observe l’art préhistorique, de Lascaux, soutenant que ses fresques sont déjà un zodiaque (à partir de certains endroits, directement éclairés par des rayons extérieurs, un relevé des passages lumineux variant avec les saisons aurait précédé la construction d’un planétarium). C’est hypothétique mais concevable. En tout état de cause, des mécanismes d’enregistrement comparables ont eu lieu ailleurs ou autrement, qu’ils aient été volontaires ou inconscients. Turing lui-même n’a-t-il pas réfléchi sur l’/ia/ après des années de décodage mécanique et sans intelligence de communications militaires ?!
L’hypothèse "Lascaux" signifie que l’homme préhistorique a commencé par chiffrer et construire une machine, tandis qu’après ce moment il se serait trouvé en position de l’imiter.
A y réfléchir encore, c’est une évidence banale (les animaux construisent des outils par réflexion génétique très tôt et l’être humain est préparé par le stade du miroir à l’imitation de son image). Cette spéculation réduit le vertige face à ce que Lacan a désigné de révolution copernicienne signifiant le moment freudien où le sujet, décentré, se trouve en position d’imiter l’Inconscient. On peut donc introduire sous réserve, que dans la chaîne évolutive c’est d’abord la machine, fruit d’œuvres de simple codage, que l’humain imite avant que « ses attitudes et ses mimiques » et jusqu’à ce qu’elle soit prête à mentir. Alors intervient la Cybernétique de Second Ordre introduite après Turing, par Heinz von Foerster.
Rassemblons notre position : une fois reconnu un chiffrage naturel à l’origine de la "chaîne évolutive" nous nous mettons en mesure de discernement du management. A partir d’une production première du code, l’état initial du management est de régulation, comparable à une porte verrouillée, garante d’une stabilité. Ainsi la science cybernétique commença par s’intituler « Etude des causalités circulaires et des mécanismes de rétroaction en biologie et dans les systèmes sociaux » en se reconnaissant dans une gestion d’équilibre. Ce premier management est une oppression concentrationnaire qui matérialise l’inhibition du transitivisme ; l’histoire rappelle qu’il gouverna la Guerre Froide.
Mais déjà quand il lui donne le nom de « cybernétique », Norbert Wiener portait en 1948 sa définition à l’« Etude des relations et de leur contrôle entre les machines et les êtres vivants.» Le management concentrationnaire entrait dans un système évolutif.
A partir de 1975 Heinz von Foerster ajouta au naturalisme de Wiener le facteur des neuro-sciences. Le moment était venu d’y insérer l’organe appelé "cerveau". La cybernétique s’en trouvait élevée à la ‘puissance deux’ 140, également nommée cybernétique de la cybernétique, ou Cybernétique Seconde. Foerster la définit par trois exigences : « si une théorie du cerveau a quelque prétention à être complète, elle doit expliquer sa propre écriture. Plus fascinant encore, celui-là même qui écrit cette théorie doit rendre compte de son écriture»
fig.3 :
Cybernétique Seconde
Sa formule montre un système dynamique ayant pour matrices ces trois opérations ('théoriser', 'expliquer', 'rendre compte'). Elles sont semblables et réfléchies par trois fois répétées (Z, z, z'). Sous l’unité d’un réseau, on y reconnaît le sophisme des trois prisonniers, que l’on a appelé "sophisme du berné", où la lettre F indique le directeur de la prison (ou l’élite selon Bernays et la lettre selon ce que Foerster appelle écriture). Ces ‘z’ indiquent aussi les cerveaux que la psychanalyse formule (schéma.L) de sorte que dans ce 'second' jeu de Turing ils sont situés en capacité propre à mentir..
Cette conjonction autorise la résolution du mensonge. Cybernétique et psychanalyse entrent en synergie ; la première fournissant l’algorithme du cerveau énigmatique de la seconde et réciproquement, celle-ci fournissant ses réseaux à l’énigmatique psychologie collective réclamée par Freud. Le verrouillage du mensonge transi dans l’inhibition est levée ; ce qui du même moment, ouvre la ‘porte’ (le management) à un jeu évolutif.
En anticipant l’observation des réseaux sociaux, la Cybernétique Seconde introduit la rétroaction de l’individu à l’entrée des mass-media. L’autorité de l’élite en perd son emploi et un 'management' devient une porte de production en deux phases :
La maturation de la gestion d’un équilibre est annoncée par Turing 150 qui la classe comme éducation. Mais à ce moment, si l’/ia/ a dévérouillé la porte, aucune initiative ne la pousse encore. Foerster 160 l’explique de la logique qu’il nomme "trivialisation". Elle n’est plus oppression, mais manipulation par une propagande de type Bernays. Freud décrivit l’objectivité dont elle s’enorgueillit comme l’avenir d’une illusion ; puis par Lacan la psychanalyse déchiffra l’équilibre "transfert-contre-transfert" en propagande du « réel comme impossible 170».
Pour qu’une mobilisation se produise, la cybernétique fait appel au non-trivial substituant l’apprentissage à l’éducation. Critiquant sa gestion d’équilibre en admettant une modification, le management devient gestion de déséquilibre, se rapportant immédiatement aux lois déséquilibrées de l’« évolution » (Darwin). La porte du management est alors poussée, avec l’énergie d’une pulsion, comme un battant producteur. Avec des machines qui apprennent, la Cybernétique Seconde indique la sélection naturelle par ‘F’ (fig.2) sur laquelle elle opère.
Turing l’entrevit, se contentant de désigner le phénomène simplement « plus expéditif 180», et Foerster put le qualifier responsable d’« objets réel 190». Entrant alors en compétition sur l’objectivité, comme le management la psychanalyse est entraînée dans cette métamorphose et abandonne le transfert comme un objet (qu’elle qualifie de transitionnel).
Nous sommes au bord de notre problème, puisqu’en se découvrant à la cause d’un objet, la cybernétique fusionne ses réseaux avec leur propre produit. Cette société bascule décisivement dans un état de "management-production". Mais c’est un état de "dé-subjectivation" où la boucle régulatrice est en collapsus et où l’apprentissage ne franchit pas le niveau ‘fiction’. Pour la défendre derechef de la confusion, une analyse seconde de la chaîne évolutive est une nécessité :
Après que la psychanalyse (imitation) ait été dépassée par l’informatique (mensonge), en mouvement de balancier, elle repasse en avant, et c’est à son tour d’apporter son secours à la Cybernétique Seconde. Son Schéma.L (fig.2) prête alors au ‘cerveau’ une logique de phase (fig.4) qui relève le diagramme de Foerster (fig.3) à une dialectique de l’intersubjectivité.
fig.4 : Modèle
Optique phases 1 & 2 – le miroir concave représente le cortex cérébral et
le miroir A le langage.
Ces bi-phases que formule la psychanalyse visent une absence
à travers son objet refoulé. L’objet de la psychanalyse est affectivement
proscrit (« la
peste » selon Freud ou pour Lacan l’« abjet »)
– ceci expliquant les réserves qu’inspire un management outillé de la seule
psychanalyse. Son opération cependant sublime une absence dans son domaine
comme "manque". Cette équation (variante de la boite vide et pleine ci-dessus (Turing.2.1)) traitant l’objet
réel issu de la cybernétique, appelle à chercher une absence
effective dans le management – ce qui, évidemment se pose comme une énigme et
aura demandé un temps pour le comprendre 200.
La logique qui met en jeu quelque chose d’absent est troublante pour la conscience jusque dans l’Inconscient où il n’y a ni temps ni absence selon la théorie freudienne. Une entreprise basée sur un vide (ou sur l’absence) n’est pas admissible et la civilisation est tentée de s’en tenir à l’inhibition de l’évolution, voire à l’anti-idéal surmoïque. Elle n’admet qu’une suggestion au bout du compte : « si au lieu d’une absence nous préférons nous cantonner au pire, n’est-il pas prédictible qu’en son absence nous forgions précisément le cas où cette absence a lieu ? ainsi comme nous le craignions, elle mène au pire ». Ce sophisme est classiquement exclu par un second passage d’analyse de la chaîne, en y soumettant son résultat (si ce résultat critique se trouve dans la chaîne, il l’invalide puisqu’elle aurait préposé ce qu’elle découvre).
Appliquant cet l’examen on trouve en effet tout du long de la conception cybernétique à son management, une absence chronique – et cette re-lecture invaliderait définitivement la chaîne évolutive… (le résultat (l’absence) est bien dans la chaîne). Elle serait donc un jeu de dupe si elle négligeait qu’y participe la psychanalyse – or l’absence dans ce cas est une nécessité. Par conséquent ce qu’elle a mise en évidence est un refoulé.
On sait le refoulé fuyant. On l’imagine primaire où il se terre insaisissable. Sa dernière défense ne peut être que sans objet. Une absence n’invalidera donc pas la chaîne du management de la cybernétique. Elle indiquera plutôt ce qu’elle a refoulé dès le début. C’est ainsi que, par le travail de l’Inconscient, une invention est produite, qui nécessairement succède à l’examen d’un refoulé en deux instance ; les historiens le confirment :
Un Art de la Mémoire a été refoulé (depuis la Renaissance, période à laquelle il a été proscrit). Il était donc absent des temps modernes. Comment le savoir aujourd’hui ? Par les historiens qui, depuis 1960 (F.Yates/Univ.Londres), le retrouvent établi par Simonides de Céos en 500avJC, transmis à Rome par Cicéron puis entretenu en bordure du Christianisme par l’Hermétisme, une doctrine dont il était en quelque sorte la colonne vertébrale. En février 1600 l’Inquisition y mit fin en exécutant Giordano Bruno.
Deuxièmement cet art lui-même met en scène une absence. A son principe : « rendre une absence systématique dans un processus de système préside à la fonction de mémoire ». Nous avions donc oublié quelque chose qui décrit l’exploitation de l’oubli et, suivant son principe : l’absence de cette technique d’absence tout du long de la chaîne aboutit au management de la mémoire. Nous reconnaissons bien un art, qui explique son élision et se défalque lui-même 210.
Tout aussi matériel et concret l’un que l’autre, l’Art de la Mémoire est une technique précise qui modélise la Cybernétique. Initialement politique puis magique, il met en jeu l’absence d’un membre, extrait d’un groupe, opérant sur la base des effets provoqués lorsqu’il le réintègre. D’abord mythe de la démocratie à Athènes, il a été réglé en formule à la Renaissance selon des roues de mémoire de Bruno préfigurant l’informatique comme son contemporain Léonard DeVinci préfigurait la mécanique. Ils résolvaient une époque d’où l’Alchimie garde encore la réputation de prétendre créer ou transformer à partir de rien et dont elle n’a pas à rougir dans le sens où elle désigne l’Invention. Inouïe dans le lointain passé, l’invention fut sacralisée après la Renaissance, avant qu’être, à présent, reconnue mémoire.. d’une anticipation.
Aujourd’hui l’algorithme des Quatre Discours de Lacan actualise l’Art de la Mémoire et ses roues bruniennes. Suivant cette mise-à-jour, et à partir de 1985 elle a été remise en activité sous le nom d’Analyse Plurielle, avant que le terme « pluriel » passe à la mode politique puis s’entende de toutes sortes d’acceptations. Ce ‘pluriel’ à l’origine est l’état d’une société équipée d’une cybernétique de masse où l’Art de la Mémoire se confond avec la psychanalyse qui a gagné le domaine de la psychologie collective.
Une chaîne évolutive, du code au produit, se constitue donc en traitant par la cybernétique la logique du mensonge et lorsque la psychanalyse s’y révèle. Dans cette conjonction, refoulé et anticipé par la magie, l’Art de la Mémoire s’applique en science, Analyse plurielle, qui éclaire le terme ambigu d’« invention » en capacité d’adaptation aux conditions à priori inconnues de l’Evolution. Le management responsable de cet objet ‘inventé’ ne le produit pas par génération spontanée ; il est théorisé objet « réel » de la Cybernétique Seconde et connu de la psychanalyse comme celui de la pulsion. Au long de sa chaîne d’émergence, au mensonge tenu jusqu’à ce stade dans une inhibition transitive, est substituée une jouissance de la psychologie collective. Dans un milieu passé d’idéologie à pluriel, le management devenu producteur, a changé de peu et de beaucoup, passé de gestion d’un équilibre à une gestion de l’écologie.
Dr William Théaux - 25/04/2012
* * *
Notes
05: La psychanalyse enseigne que lors d’une découverte
comme celle de l’ADN, le moi se manifeste nécessairement par une
première résistance qui expliquera que Lacan ait produit une cybernétique qu’il
suspendra immédiatement en l’attente d’une intelligence artificielle
efficiente.
10 : Propaganda ;
Edard Bernays Ed.1928
20 : Moïse et le
Monothéisme – chapitre conclusif ; Freud Ed.1939
30 : Propaganda ;
EdWard Bernays Ed.Zones.p.62
40 : à propos des
"modernes machines à calculer" «…ce n’est pas pour le défaut d’une
vertu qui serait celle de la conscience humaine, que nous refusons de qualifier
de machine-à-penser celle à qui nous accorderions de si mirifiques
performances, mais simplement parce qu’elle ne penserait pas plus que ne fait
l’homme en son statut commun…» ; Ecrits ; Lacan.1956
50 : ou « ce qui
perdure de perte pure » selon une expression de Lacan/Télévision
60 : "Jeu
pair-impair" : De deux adversaires, l’un tient caché dans une main un
objet. Sans que l’autre ne puisse savoir dans laquelle des deux mains il doit
le deviner à force de répéter son pari de le savoir.
70 : « .. les voies d’autoconduction que
figure dans le modèle la réflexion sur le miroir sphérique – qu’on peut tenir
en gros pour imager quelque fonction globale du cortex » - description
du Modèle Optique – Ecrits/ Remarque sur le Rapport de Daniel Lagache ;
Lacan.
80 : Modèle intitulé Quatre Discours.
90 : Le Modèle Optique anticipait la connaissance
actuelle des "neurone miroirs". Sans pouvoir à l’époque s’en
garantir, il restait sujet à la résistance scientifique.
100 : Transitivisme [http://malaguarnera-psy.wifeo.com/index-fiche-6078.html] « Le transitivisme
enfantin indique les situations de symétrie et de projection pendant lesquelles
l’enfant, avant trois ans, attribue à son compagnon du même âge les émotions
qu’il ressent à l’intérieur de lui-même. Par exemple, l’enfant qui bat dit
avoir été battu, l’enfant qui voit tomber l’autre pleure, etc ;. »
& « c’est-à-dire d’un état du sujet sans limites avec l’autre »
et « un état du sujet confondu avec l’image de l’autre. »
110 : "Jeu de
l’imitation" : l’expérience dispose un observateur qui interroge un
humain et un ordinateur par l’intermédiaire d’une lecture ne permettant pas de
distinguer l’un de l’autre – le contenu de ‘la lettre’ échangé doit à lui seul
permettre à l’observateur de savoir qui est l’humain (ou l’ordinateur) – dans ces conditions
l’ordinateur doit chercher à imiter l’humain pour confondre l’observateur.
120 : Ce degré est reconnaissable au règne animal
140 : C’est également
l’époque où l’on commencera à mettre en évidence ‘neurone miroirs’ et ‘parole
subvocale’ mettant la cybernétique dans le même rapport de prématurité que la
psychanalyse avant elle (note.05).)
expliquant pourquoi elle la rappellera pour sa seconde lecture (parag.4.a.).
150 : La section
conclusive de Les ordinateurs et l’Intelligence (Turing Ed.1950) aboutit à poser
l’apprentissage comme la condition à la possibilité d’imitation ‘réelle’.
160 : « Il est clair que la plupart des
efforts traditionnels d’éducation tendent à trivialiser nos enfants. J’utilise
le terme "trivialisation" exactement comme on le fait dans la théorie
des automates, où une machine triviale est caractérisée par la donnée des
relations entre ses entrées et ses sorties, alors que dans une machine non
triviale, les sorties sont déterminées à la fois par les entrées et
l’état interne de cette machine. » Foerster
170 : Une idéalisation de l’inhibition est
rapportée au Surmoi qualifié par Lacan des attributs d’obscène et féroce
mais défendant une morale de la propagande instrumentant le champ
concentrationnaire psychique.
180 : « .. un lien évident entre ce
processus et l’évolution, à travers les identités suivantes : structure de
la machine-enfant = matériel héréditaire ; changement de la machine-enfant
= mutations ; sélection naturelle = jugement de l’expérimentateur. On peut
cependant espérer que ce procédé sera plus expéditif que l’évolution.. »
Les Machines qui Apprennent.section.7 ; Turing Ed.1950
190 : à sa réponse fameuse « êtes-vous
constructiviste ? Non je suis viennois » Foerster ajoute « Le
problème est que les étiquettes comme celle-ci interfèrent dans la
compréhension et l’écoute entre nous ..//..ceux-là sont ces personnes qui
croient que tout est illusion et qu’il n’y a pas d’objet réels rôdant dans le
monde »
200 : le "temps pour comprendre"
est une des catégories du Temps Logique que l’histoire de la psychanalyse aura
porté durant le délai occupé par le dévoiement de Bernays et avant de franchir
l’abîme qui avait séparé psychologies individuelle et collective.
210 : comparer avec une "écriture, qui
s’explique et rend compte d’elle-même" décrite par comme Cybernétique
Seconde (ci-dessus.parag.3.2).
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Table
Introduction
1-2) Etat des lieux Lacan et Turing 1950
1) L'imitation dans la psychanalyse
1) Sur l’appel de Freud à déchiffrer une psychologie collective
2) Lacan parvient à identifier une logique collective
3) L’imitation (dans La Lettre Volée)
4) L’inhibition transitive
2) L'imitation dans l'intelligence artificielle
1) Le Jeu de l’Imitation de Alan Turing
2) Le mensonge avec l’intelligence artificielle
3) Les origines et l’intelligence artificielle
3-4) Fusion de la psychanalyse et de la cybernétique
3) Positionnement de l'être humain dans la seconde cybernétique
1) du code à la 1ère gestion d’équilibre (concentration)
2) de l’informatique à la Cybernétique
3) du management de l’évolution & à l’évolution du management
a) statut du trivial
b) statut du non-trivial
4) son management procède par une absence
a) boucle seconde
b) objectivation de l’absence
4) L'opération sociale de la psychanalyse
1) Comment une ‘absence’ révèle l’histoire d’un refoulé ?
2) Histoire de l’Art de la Mémoire
3) Hermétisme : une anticipation logique de l’invention
a) modernisation de l’Art en milieu (« Pluriel »)
4) Le PLuriel ANalytique en gestion de l’écologie